Fonds Jacques Martel : Pouvez-vous nous parler de la mission principale de votre association et des problèmes spécifiques qu’elle cherche à résoudre ?
René Molinès : L’association Adrien organise des événements dédiés aux enfants malades ou en situation de handicap, pour leur apporter du bien-être, de l’amour et une tonne d’énergie positive. C’est important dans leur combat de tous les jours.
Depuis octobre 2023, l’association a une nouvelle mission, inédite : accueillir à la Maison Adrien, un centre de vacances dédié aux enfants malades, les familles d’enfants qui suivent des protocoles – souvent lourd – à l’hôpital, pour leur offrir un temps de répit, dans un cocon rassurant. Ces familles viennent parfois de loin et n’ont pas d’hébergement dans la région.
Par exemple, actuellement, la Maison Adrien accueille 2 familles d’enfants qui suivent un protocole de Protonthérapie, au sein du Centre Lacassagne.
Il faut savoir qu’il n’y a que 3 centres en France qui offrent cette thérapie – Nice / Paris et Caen – préconisée dans le traitement post chimiothérapie de cancers cérébraux notamment.
L’une de ces deux familles vient de Nîmes, l’autre de la Drôme. Elles sont venues pour 6 semaines chacune et c’est beaucoup de joie de voir fonctionner la Maison Adrien. Dès le départ, je savais que cela avait beaucoup de sens.
FJM : Comment votre association utilise-t-elle les fonds et les dons qu’elle reçoit pour mettre en œuvre ses projets ?
RM : Les dons collectés et reçus par l’Association Adrien sont utilisés de deux manières.
D’une part, pour créer des événements (sorties, voyages) et les offrir aux enfants afin d’amener une parenthèse de répit aux familles qui ont besoin de souffler.
D’autre part, pour les frais de fonctionnement de la Maison Adrien, qui s’élèvent à 80 000 euros par an. A terme, nous souhaitons accueillir le plus de familles possibles gratuitement, parce que toutes n’ont pas les moyens. Or, toutes les familles ont besoin de souffler, de venir rêver un peu dans le monde magique de la Maison Adrien. Nous savons que le moral est indispensable dans la guérison des enfants.
FJM : Comment votre association maintient-elle le lien avec ses donateurs et sa communauté ?
RM : La transparence est le maître mot. Chaque don est médiatisé et nous invitons chaque mécène à chaque événement qu’il soutient, parce que les mécènes doivent savoir ce que l’association fait avec leur don, pour leur faire prendre conscience que leur / notre action n’est pas que monétaire.
C’est également important pour rassurer les futurs mécènes.
FJM : Si votre association était un super-héros, quel serait son pouvoir spécial et comment l’utiliserait-elle pour le bien ?
RM : Plus que d’un super héros, j’ai envie de parler d’un super pouvoir : celui de permettre aux enfants de guérir, sans avoir à côtoyer les protocoles chimiques.
Quand j’étais dans la peau du Papa d’un enfant malade, j’aurais voulu lui laisser ma place. La maladie n’est pas la place d’un enfant.
Tous les mois je vais dans les hôpitaux pour donner de l’amour à tous ces enfants et les faire se sentir sur la scène, et pas en arrière-scène. Souvent les enfants malades s’oublient. Tout ça est mon combat. Mon vrai pouvoir c’est de les faire vivre !
FJM : Si votre association était une émotion, laquelle serait-elle ? Et comment cela se traduirait dans votre engagement ?
RM : L’empathie ! Parce que c’est une réalité. On ne peut pas rester insensible. Mon cœur s’est fermé quand j’ai perdu mon petit garçon. Pourquoi moi ?
Tous ces enfants m’ont permis de l’ouvrir à nouveau, et les voir se battre m’a donné envie de me battre à leur côté.
C’est le plus cadeau que mon fils m’a laissé : distribuer de l’amour.
FJM : Si votre association était un élément naturel, lequel serait-il ? Et quelles seraient ses propriétés bienfaitrices ?
RM : Je pense à la nature, la végétation. La nature est indispensable et belle à regarder. Elle nous apporte de la sérénité. Elle est vraie, comme l’association Adrien.
FJM : Si votre association était un objet du quotidien, lequel serait-il et comment serait-il utilisé pour aider les autres ?
RM : Une statue de Super Héros comme il y en a quelques-unes à la Maison Adrien !
Je suis fan et fier de permettre aux enfants de rêver et de s’évader en les regardant. J’espère que cela leur donne de la force pour être à leur tour un super héros. Ce qu’ils sont de toutes manières.
FJM : Si votre association était une citation inspirante, quelle serait-elle et comment la mettriez-vous en pratique dans vos actions ?
RM : « Qui ne tente rien, n’a rien ».
J’ai rencontré tellement de portes fermées, de personnes qui me disaient que je n’y arriverai pas. Eh bien, j’ai tenté et j’ai réussi ! J’étais persuadé que la Maison Adrien avait du sens et une importance capitale.
Quand je vois aujourd’hui affluer les demandes je me dis que j’ai bien fait d’oser.