Les pépites de la soirée caritative du Fonds Jacques Martel – #4 Lire et Faire Lire

5 juin 2024 | Nos actions

Fonds Jacques Martel : Pouvez-vous nous parler de la mission principale de votre association et des problèmes spécifiques qu’elle cherche à résoudre ?

Philippe Lucas : Lire et Faire Lire intervient à deux niveaux.

Le 1er niveau, le plus évident, c’est faire (re)découvrir le plaisir des livres et de la lecture.

Pour le 2ème niveau, je vais utiliser le vocable « intergénérationnel » ; avec Lire et Faire Lire, l’enfant ne lit pas tout seul dans son coin, mais avec un tiers. Il y a une relation entre un enfant et un adulte, un adulte qui devient un référent pour l’enfant. Ce n’est ni un parent, ni un maître ou une maîtresse. Une relation particulière se créé avec lui. L’enfant l’attend, l’écoute. Les instituteurs remarquent souvent des comportements très différents pendant la lecture.

Aujourd’hui, il y a de grandes disparités chez les enfants lecteurs. Et ces disparités augmentent encore à cause des écrans, du fait de la facilité perçue par l’enfant quant à leur utilisation.

Grâce à ce temps de lecture, et à la relation qui s’installe entre les enfants et leur référent, l’enfant reprend plaisir à feuilleter un livre.

FJM : Comment votre association utilise-t-elle les fonds et les dons qu’elle reçoit pour mettre en œuvre ses projets ?

PhL : Globalement, l’association fonctionne avec un petit budget de quelques dizaines de milliers d’euros. Toutefois, sans accompagnement financier, elle ne peut pas fonctionner parce qu’évidemment les enfants ne vont pas payer. Les cotisations sont anecdotiques.

Depuis le début, Lire et Faire Lire est soutenue à bout de bras par la Ligue de l’enseignement, pour les frais de fonctionnement et salaire.

Les dons reçus servent à l’achat des livres, la première dépense. Nous remettons à chaque lecteur des mallettes avec une dizaine d’ouvrages par tranche d’âge.

Le second poste est la prise en charge de l’invitation d’intervenants (auteurs / autrices, illustrateurs / illustratrices) qui viennent former les lecteurs plusieurs fois par an. Il est nécessaire de professionnaliser l’encadrement des bénévoles qui interviennent en milieu scolaire.

FJM : Comment votre association maintient-elle le lien avec ses donateurs et sa communauté ?

PhL : Lire et Faire Lire reçoit principalement des subventions de la Métropole, des communes et de la CAF. Pour ces acteurs il est facile de voir le fruit de leur don parce que les résultats obtenus avec les enfants auprès desquels nous intervenons sont tangibles. Les enseignants nous le disent. C’est très gratifiant et très important pour nous d’aller vers les enfants avec des livres et leur faire comprendre l’intérêt des livres. D’autant plus à l’heure actuelle, où il doit y avoir une prise de conscience face au problème des écrans.

Je le répète, plus tôt on met la machine en route, plus les résultats sont probants.

Le don que l’association a reçu du Fonds Jacques Martel est un complément remarquable. Il nous a également permis de mettre en place une nouvelle forme de communication, à laquelle nous sommes moins habitués – une campagne de recrutement de lectrices et lecteurs à la radio. Cette demande originale a eu un écho favorable, puisqu’elle nous a permis de recruter 5 ou 6 nouveaux bénévoles.

FJM : Si votre association était une citation inspirante ?

PhL : Ce serait le mélange de deux d’entre elles :

D’une part Rosa Luxemburg, révolutionnaire et anarchiste avait cette formule « La liberté du renard libre dans le poulailler libre » pour dire que le citoyen ne pouvait se satisfaire d’une liberté qui ne serait  pas totale. Je l’utilise à dessein pour dire au contraire que selon moi, pour que nous puissions bénéficier de la liberté, il faut avoir un cadre. Ce n’est pas rendre service aux enfants que de ne pas définir de règles. Elles leur donnent des repères.

Notre République permet la liberté dans un cadre, des règles justes, adaptées et communes y compris à l’école.

D’autre part Victor Hugo disait « Quand vous ouvrez une école, vous fermez une prison ».

Il faut avoir un cadre mais celui-ci doit être aussi un cadre émancipateur afin que l’on facilite l’accès de toutes et tous à la culture et aux savoirs fondamentaux.

Lire et Faire Lire vise à ouvrir l’esprit. C’est un véritable réseau social à la différence des applications qui créent des réseaux virtuels.

FJM : Si votre association était une émotion, laquelle serait-elle ?

PhL : Le plaisir. De lire entre autres !

FJM : Si votre association était un super-héros, quel serait son pouvoir spécial ?

PhL : Tintin. Parce qu’il essaye de trouver des solutions, juste avec sa volonté et ses amis. Pas d’artifice ni d’effets spéciaux. Il n’est pas besoin d’être un super héros pour réaliser des actions remarquables.

FJM : Si votre association était un élément naturel ? 

PhL : La neige. Parce que c’est un élément qui donne du plaisir, qui apaise, comme les livres et la lecture. La neige offre des espaces vierges, une forme d’inspiration, d’ouverture dans lesquels il est possible de s’évader, de rêver, d’imaginer.

FJM : Si votre association était un objet du quotidien ?

PhL : Des lunettes ; indispensables dans mon cas, pour lire !